ANEL : L’indépendance par la solitude
Sur ANEL (Grecs Indépendants), je serai bref – comme l’est l’histoire du parti. ANEL a été fondé en 2012 par Panos Kammenos, un député de la droite de Nouvelle Démocratie opposé à l’austérité menée par le gouvernement. Kammenos est à mi-chemin entre Nicolas Dupont-Aignan et Philippe de Villiers : il regrette l’époque de la droite étatiste, dénonce les « assauts néo-libéraux » menés contre la Grèce, veut abolir le mémorandum et quitter l’Union Européenne, et tient également un discours très nationaliste sur l’immigration et la nécessité de rechristianiser le pays. Le parti semblait bien démarrer en 2012 : en deux mois et demi, il décollait dans les sondages et atteignait un beau 10,6% des voix à l’élection. Malgré une concentration des voix de droite vers Nouvelle Démocratie aux élections de juin, il conservait tout de même 7,5% des voix – ce qui en faisait le deuxième parti de droite, et le quatrième parti derrière le PASOK en train de s’effondrer. Mais lui aussi est désormais en voie de disparition, aussi vite qu’il est apparu, et stagne aujourd’hui un peu au-dessus des 4% – vaguement plus que ce qu’il faut pour être au parlement et pas nécessairement assez pour influencer sur la future politique nationale. Si la dynamique descendante dans laquelle il est engagé continue, ANEL quittera le Parlement aux prochaines législatives.
Les résultats des élections européennes, où le mouvement n’a recueilli que 3,5% des voix, ont suscité là aussi de nombreux remous à l’intérieur du parti. Comme pour Dimar, certains députés proposaient l’intégration à la coalition, d’autres une intégration à une force d’opposition plus large, d’autre un changement de programme. Kammenos, régulièrement critiqué pour sa gestion passablement autoritaire du parti, a fait taire les critiques, provoquant le départ de plusieurs élus. Cependant, il n’est pas fermé à une alliance anti-Mémorandum avec Syriza – et des représentants de Syriza ont déjà confirmé pouvoir envisager de former des alliances avec ANEL dans des collectivités locales. Au niveau national, l’aile gauche de Syriza se montre beaucoup plus hostile. Mais si ANEL parvient à élire quelques députés au prochain parlement, on peut penser qu’ils accepteraient de servir d’appoint – et de ministrables – à une majorité dirigée par Syriza.